*Le chef de l’exécutif provincial gérerait à l’insu de tous des fonds publics qu’il a logés dans une banque de la place.
L’Inspection générale des Finances (IGF) tient à l’oeil le gouverneur du Kasai Oriental, Patrick Kabeya Matshi Abidi, dont les faits et gestes, depuis quelques semaines, sont hautement suspects.
Selon des sources bien renseignées, depuis cinq mois, le gouvernement central met à disposition de la province du Kasaï Oriental un virement mensuel chiffré chacun à 1,5 million USD, placés dans un compte connu du seul gouverneur Patrick Kabeya, et dont l’usage reste flou, confient les mêmes sources.
Celles-ci indiquent que le patron de l’exécutif provincial du Kasaï Central a dans un premier temps dissimulé l’existence de ce compte aux Inspecteurs des finances qui étaient en mission dans sa province. Mais c’était sans compter avec l’extrême vigilance du patrouilleur en chef de l’IGF, Jules Alingete qui a découvert ce compte.
Alingete ne s’arrête pas là. Pour faire toute la lumière sur cet pot aux roses, l’Inspecteur chef de l’IGF a résolu d’y diligenter à nouveau une mission dont la présence est annoncée à Mbuji-Mayi ce dimanche 23 juillet mais qui n’est pas du goût du gouverneur qui tente d’en empêcher la venue.
Recadré par le Premier président de la Cour des comptes
«Le gouverneur Kabeya avait initialement instruit ses différents services de ne jamais présenter ce compte à l’Inspection générale des finances. A toutes les personnes informées sur ce compte, il à toujours fait croire que sa gestion était une exclusivité du gouvernement central. Quand il a appris le déploiement d’une nouvelle mission d’audit de l’IGF, il a commencé à multiplier prétextes et obstacles. Nous avons les informations qu’il a associé le Directeur général du Bceco dans une démarche consistant à associer un procureur près la Cour des comptes, faire croire à l’opinion que cette dernière était déjà en mission similaire au Kasai Oriental et que l’IGF ne pouvait plus agir. Malheureusement, le directeur général du Bceco s’est prêté à ce mauvais jeu en minutant un courrier tendant à obstruer l’audit de l’IGF, organisé dans le cadre du contrôle et suivi de l’exécution du Programme de développement des 145 territoires», raconte une source très au parfum du dossier.
Elle poursuit : «C’est ça l’origine des échanges épistolaires entre l’IGF, le gouverneur et le Premier président de la Cour des comptes, favorable à l’audit de l’IGF, qui évoque une mission imaginaire de la Cour des comptes derrière laquelle a tenté de se réfugier Kabeya Matshi».
On rappelle le 11 juillet courant, le gouverneur Patrick Kabeya a effectivement a fait parvenir une copie de sa lettre à l’GF au président de la Cour des comptes, évoquant selon lui un prétendu non respect des attributions et promettant de saisir le Magistrat suprême, Félix Tshisekedi, en sa qualité de garant du bon fonctionnement des institutions.
Le Premier président de la Cour des comptes, Jimmy Munganga, l’a aussitôt recadré en réponse à sa lettre datée du 18 juillet 2023. «J’accuse bonne réception de la copie me réservée de votre lettre n° 01/1134/CAB.PROGOU/K.OR/2023 du 11 juillet 2023 adressée à Monsieur l’inspecteur Général des Finances-Chef de Service, relative à l’objet repris en marge. Y faisant suite, je note que sous prétexte d’une mission imaginaire de la Cour des comptes au Kasai Oriental, vous tentez d’échapper au contrôle de l’inspection Générale des Finances en invoquant ma lettre d’annonce d’une mission d’audit des finances de votre province, référencée CAB.PPCC/CC/TKG/132/2023, que vous qualifiez à tort d’ordre de mission.
Vous êtes pourtant sans ignorer que la lettre à laquelle vous faites allusion ne constitue nullement un ordre de mission mais plutôt l’annonce d’une mission de la Cour des comptes, du reste ajournée sine die par ma lettre n°CAB.PPCC/CC/MMG/161/2023 du 28 mai 2023», a écrit Jimmy Munganga.
Ce n’est pas tout. «Je saisis, par ailleurs, la présente opportunité pour vous rappeler qu’il n’appartient pas à un Responsable d’une entité auditée de se prévaloir de la préséance de la Cour des comptes sur tous les autres organes de contrôle des finances et des biens publics. Pareille attitude doit être interprétée et comprise comme une volonté manifeste d’échapper au contrôle et d’éviter, par ce fait-même, de s’acquitter de son devoir sacré de redevabilité en tant qu’agent public.
C’est la raison pour laquelle, je vous prie de déférer sans réserve ni résistance au contrôle de l’inspection Générale des Finances en mission dans votre entité».
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