*Avec la sortie tonitruante du fou du roi Eliezer Ntambwe*
*Elections 2023: Tshisekedi et l’Union sacrée auraient-ils coché la case « glissement » ?*
*Le député national Eliezer Ntambwe, connu comme le fou du roi à l’Union sacrée, conditionne la tenue des élections au retour effectif de la paix dans l’Est du pays. Il l’a dit à haute et intelligible voix sur la radio Top Congo FM…
Est-ce un ballon d’essai destiné à tester la réaction des Congolais ? Sur les ondes de la Radio Top Congo FM, le député national Eliezer Ntambwe a déclaré que l’on ne peut parler des élections censées se tenir le 20 décembre prochain qu’au retour effectif de la paix dans l’Est de la RDC. Membre de l’Union sacrée, la plateforme qui soutient les actions du président Félix Tshisekedi pour un second mandat, l’élu de Lukunga ferme également la porte à un éventuel dialogue, estimant que cela ne tiendrait pas debout compte tenu des enjeux de l’heure. Seulement Eliezer ne dit pas aux Congolais quand le pouvoir va mettre fin à la guerre qui dure depuis plusieurs décennies.
« Quelles sont les vraies motivations pour que ce dialogue ait lieu », s’interroge Eliezer Ntambwe, qui poursuit: « En RDC, on a tendance à sous-estimer les compatriotes qui sont en provinces. On réduit la RDC à Kinshasa. Ce n’est pas normal », a-t-il déploré.
Le Président du parti politique Action commune pour la République (ACR), ne s’arrête pas là. Eliezer Ntambwe rappelle qu’il n’est pas intéressant de comparer la situation sécuritaire actuelle à celle de 2018 étant qu’il s’agit d’une agression et non d’une rébellion. « A cette époque, les gens étaient déjà enrôlés et qu’au moment des élections, c’était difficile d’envoyer les agents de la CENI à ce coin ».
Et de mettre les Congolais devant leurs responsabilités en disant : « Il faut qu’on opère un choix, soit on dit que les compatriotes qui sont dans ces villages occupés par les Rwandais sont moins Congolais que nous, soit on fournit les efforts pour pousser le Rwanda à retourner chez lui ».
Pour Eliezer Ntambwe, prendre en compte le volet sécuritaire est une obligation pour donner beaucoup plus de légitimité à ceux qui seront élus. « Il ne faut pas consacrer la balkanisation ».
Pour nombre de Congolais qui l’ont suivi, Eliezer Ntambwe a relayé l’option de « glissement » qui est sur la table de Félix Tshisekedi.
La menace d’un « glissement » de l’élection a été ouvertement évoquée par le président Félix Tshisekedi le 4 mars courant. Lors de sa conférence de presse conjointe avec Emmanuel Macron, Fatshi a clairement lié la situation dans l’est à la tenue de la présidentielle à la date prévue. « Est-ce qu’il faut stopper le processus d’enrôlement des électeurs en attendant que la paix revienne, avec le risque que cela impacte le respect du calendrier ?, s’est-il interrogé. Faut-il continuer le processus en ne prenant pas en compte les populations nombreuses de déplacés de guerre ? C’est cela qui peut poser problème. » Au Conseil des droits de l’homme à Genève, Fatshi l’avait dit aussi.
Dans le camp de l’opposition, les propos de Félix Tshisekedi sur un éventuel report des élections l’indignent.
« La question est pertinente, mais seulement, c’est à lui de donner la réponse, réagit Adolphe Muzito, candidat à la présidentielle et fondateur du parti Nouvel Elan. Puisqu’il y a ces risques, c’est à lui, qui est aux responsabilités du pays, d’évacuer, d’éliminer tous ces risques, pour que les élections se tiennent dans les délais constitutionnels ».
Pour Chérubin Okende Senga, ancien ministre des Transports de Félix Tshisekedi et désormais porte-parole d’un Moïse Katumbi candidat à l’élection présidentielle, la justification brandie par le président ne tient pas. « La situation à l’est du pays ne devrait pas constituer un prétexte pour le président Tshisekedi, affirme-t-il. Je dois rappeler que lui-même, à l’orée de son investiture, avait promis au peuple congolais d’établir son état-major à l’est du pays, pour éradiquer les forces étrangères et toutes les forces négatives. Quatre ans après, c’est une incapacité de pouvoir de la part du régime en place de pouvoir restaurer la paix dans cette partie de la République ».
Pour Martin Fayulu, le leader du parti ECIDE, quoi qu’il arrive, report ou non, Félix Tshisekedi devra quitter son poste dans les délais. « L’article 70 de notre Constitution dit que le Président de la République est élu pour un mandat de 5 ans et Monsieur Tshisekedi le 23 janvier 2024 à minuit doit partir, insiste-t-il. Maintenant, organiser les élections plus tard ou autre chose, ça, ça n’a rien à voir avec le mandat. Il l’a soutenu sur vos antennes au mois de septembre dernier : que le président de la commission électorale lui avait dit que les élections se tiendront à date, et qu’il n’avait pas de raison de mettre cela en doute. Il était rassuré. Et il va venir aujourd’hui, parce qu’il voit qu’on surveille de près la Commission nationale électorale indépendante (Ceni) et que sa fraude ne peut pas passer, il veut évoquer le problème de l’insécurité à l’Est pour rester sur son fauteuil ».
Félix Tshisekedi joue sa survie politique s’il appuie sur la case « glissement ».
Il y a risque que le pays se retrouve sens dessus dessous. La grogne sociale, la vie chère contre laquelle les mamans dans le Haut-Katanga entendent marcher… sont des signes à prendre au sérieux par le pouvoir. Et au-delà de tout, il a l’air d’un homme seul, ses partenaires l’entendent sans l’écouter.
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